Le Manoir de la Pillardière (Orne)

Catégories Les éco-châteaux
Les jardins du montperthuis

Paysagiste-jardiniste, Philippe Dubreuil est aussi un amoureux de l’Histoire. Après avoir parcouru le monde et créé de nombreux jardins pour ses clients, il ressent le besoin d’en élaborer un, pour lui et sa famille. A la fois lieu de ressourcement familial et de découverte pour les visiteurs, le site est pensé de façon écologique. Ainsi, les jardins du Montperthuis et leur Manoir de la Pillardière (XVe-XVIe) nous offrent un ensemble harmonieux, riche, dense qui nous fait voyager dans le temps et l’espace. Bien des thématiques éco-responsables pourraient être abordées, mais nous avons choisi de vous présenter sa gestion de l’eau, cet élément on ne peut plus précieux.

Un manoir dans le Perche

Philippe Dubreuil a deux passions dans la vie : les jardins et l’Histoire. Attiré d’abord vers des métiers liés au patrimoine, il se réoriente assez vite vers l’aménagement paysagiste, l’appel de la nature étant plus fort que de celui des vieux murs. Il parcourt alors le monde pour s’inspirer, forger son expérience afin de mieux servir ses clients. Cependant, il nourrit le rêve de créer pour lui-même et sa famille un jardin inspiré de ses voyages, un jardin qu’il aurait conçu lui-même en partant d’une feuille blanche. Amoureux des vieilles pierres, c’est dans le Perche qu’il trouva son bonheur. Le manoir de la Pillardière et sa prairie à vaches lui offraient alors l’opportunité de créer son univers, son double projet de vie.

Créer un jardin écologique inspiré et inspirant,
Réhabiliter les bâtiments dans le respect de leur histoire.

L’eau comme énergie indispensable

L'eau au Manoir de la Pillardière

Conscient des enjeux écologiques, Philippe Dubreuil tient à intégrer le respect de l’environnement dans l’élaboration de son projet. L’eau est une énergie indispensable à toute vie. La voir couler tous les jours et en abondance nous fait presque oublier sa préciosité que des années de sécheresse nous rappellent néanmoins.

Dans un système permaculturel, les énergies, quelles qu’elles soient, sont à penser de plusieurs manières :

  • Faire en sorte que le système ait de moins en moins besoin d’énergie extérieure pour gagner en autonomie et en résilience,
  • Varier les sources,
  • Prendre en compte leur stockage et leur distribution, le temps de passage dans le système devant être le plus long possible,
  • La qualité de ce qui sort doit être au moins égale sinon supérieure à celle qui entre.
La gestion de l'eau dans un système permacol

De nombreuses techniques répondent à ces principes. Elles sont à adapter à vos besoins, vos ressources et votre contexte.

La gestion au Manoir de la Pillardière

Comme tout écosystème, avant d’atteindre l’autonomie et la résilience, la mise en place peut demander quelques travaux herculéens afin d’atteindre plus rapidement les objectifs souhaités.

Les entrées d’eau

La principale source d’eau au Manoir de la Pillardière est celle venant du ciel. La force du site réside dans les nombreux m2 de toiture qu’offrent les bâtiments de la ferme, équipés de gouttières.

Quant au Manoir, sensible au patrimoine et à sa réhabilitation dans les règles de l’art, Philippe Dubreuil n’envisage pas de l’en équiper. L’eau sera alors récupérée grâce aux rigoles au pied des murs.

Il existe également un forage et un puits, essentiellement nécessaires à l’arrosage des nombreux arbres et arbustes plantés dont il est vital de prendre soin dès leur installation pour les voir prospérer.

Le stockage et la redistribution

A votre avis combien de m3 sont-ils nécessaires pour récupérer toute l’eau des toitures ?

Le dimensionnement des cuves étant la combinaison entre la surface de la toiture et l’estimation annuelle de précipitation dans la région, ce n’est pas moins de 3 cuves d’une capacité totale de 30000 litres soit 30m3 qui seront installées dans la cour de la ferme. Elles alimenteront par la suite les sanitaires de la maison et des gîtes mais également, côté jardin, les bassins et fontaines qui servent à leur tour à l’arrosage ponctuel des plantations et l’esthétique de l’ensemble. L’eau potable est, quant à elle, assurée par le réseau communautaire.

Notez néanmoins, qu’il n’existe pas de réseau d’arrosage automatique du jardin permettant d’avoir des allées de pelouse toujours vertes quelque soit la saison. C’est un choix assumé et revendiqué du propriétaire dans une démarche presque militante, n’en déplaise à certains.

Le paillage des plantations fait également partie des bonnes pratiques du domaine. En effet, il permet de stocker plus longtemps l’eau dans le sol avant son évaporation. Plus une terre est riche et vivante, plus elle aura la capacité naturelle à garder l’eau. Il suffit de regarder le sol d’une forêt après de fortes pluies. Il reste spongieux et souple.

Le terrain étant légèrement en pente, l’eau de ruissellement est, quant à elle, naturellement stockée dans le point bas du terrain, dans un petit étang qui crée, ainsi, son propre écosystème naturel, riche en biodiversité.

La gestion de l'eau au Manoir de la Pillardière
Une rigole a également été aménagée pour nos amis les animaux qu’ils soient fidèles ou sauvages !

Le traitement des eaux usées

Une fois entrée, stockée et judicieusement redistribuée, l’eau doit quitter l’écosystème dans une qualité améliorée.

L’eau de pluie est naturellement filtrée par un sol riche et vivant. Quant aux eaux grises des habitations, Philippe Dubreuil a choisi le principe de la filtration à sable, passif en énergie, autonome et pouvant accepter des variations de charges importantes. La phytoépuration aurait pu être une autre alternative écologique mais la demande d’entretien permanent et la place nécessaire à une telle installation ne correspondait pas aux besoins de Philippe.

Le principe d'un filtre à sable - Manoir de la Pillardière
Exemple d'installation d'un bac à sable non drainé de la marque Enviro-Sceptic
Exemple d’installation d’un bac à sable non drainé de la marque Enviro-Sceptic

Notre coup de cœur

De nombreux autres projets, qu’ils soient liés au jardin ou à la réhabilitation du manoir, occuperont encore quelques années Philippe et sa famille, pour leur plus grand plaisir.

4 commentaires sur “Le Manoir de la Pillardière (Orne)

  1. Encore un nouvel article sur les eco-chateaux formidablement rédigé et complété d’explications et dessins techniques pour mieux cerner les enjeux des ressources et objectifs A vous aussi, Belle année 2021, entrainante et inspirante…..et MERCI pour tout votre engagement.
    Jardinement vôtre
    Veronique.

    1. bonjour et merci beaucoup pour vos retours !Les initiatives sont tellement passionnantes que c’est un plaisir de les partager.

  2. Très bel article.
    Ayant connu le jardin au début, le coup de crayon de philippe a été parfaitement réfléchi. Bravo pour la rédaction de l’article et tous ces croustillants détails.

    1. Merci à vous de nous lire !! Et effectivement c’est assez impressionnant comme transformation, hâte de pouvoir aller découvrir tout cet univers en « vrai « 

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