« Je vis ma belle époque »

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L'histoire intime du château de Villers en Ouche aujourd'hui vue ciel

Parole du château de Villers-en-Ouche

Lettre du château de Villers-en-Ouche à ses amis

À vous mes amis les écureuils qui habitez la Grande Allée,
À vous pigeons et mésanges, nichés dans le Colombier,
À vous joyeuses abeilles qui butinez mes rosiers,
À vous mes chiens de garde qui encadrez ma façade,
Compagnons fidèles de mes quatre cents belles années,
Je voudrais faire une confidence. 

Alors que les années ont chargé mes vieilles pierres, je me sens si vivant ! Même si mes ardoises s’écaillent à chaque tempête, même s’il m’arrive de frissonner l’hiver, je me sens rajeuni et embelli. Je vis ma belle époque.

Il y a comme un vent de renouveau et de joie entre mes briques.

Mes nuits restent silencieuses, bien sûr, car rien ne pourra déroger à cette règle de vie que je me suis donné : quiconque dort à Villers repart heureux et reposé.

Mais mes journées se sont faites plus animées… parfois à en donner le tournis ! Vous vous souvenez de ces bandes d’amis en bleu de travail qui montaient et descendaient mon bel escalier haute époque ? Ils arrivaient par huit ou quinze, parfois même vingt je crois, le temps d’un « weekend travaux ». Je me demandais, abasourdi, en les voyant arriver le vendredi soir, bien après la tombée de la nuit : « Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ?», et la nuit me semblait si longue jusqu’au lendemain, j’étais si impatient de voir, de comprendre ce qui se préparait. Une bien douce excitation qui me faisait revivre ces moments uniques de ma jeunesse où les domestiques se mettaient à préparer l’arrivée de leurs maitres pour les beaux jours. J’étais alors curieux de voir si la petite jeune fille s’était mariée, si le fils prodigue était revenu. 

Comme j’ai aimé ceux qui ont dormi sous mon toit…

Mais ces jeunes qui arrivaient en bande, m’ont tant étonné, tant appris surtout ! En s’armant tour à tour de râteaux, de ponceuses ou de pinceaux, ils formaient un chantier de fourmis et je me suis surpris à me prendre pour une cathédrale !  Je sentais qu’ils étaient heureux et fiers de travailler entre mes murs et de se retrouver, après l’effort d’une journée de travaux, autour d’un dîner aux chandelles hors du temps. Et en entendant cette joyeuse cohorte faire retentir ses cris et ses rire entre mes murs et sur mes graviers, je me suis rendu compte que tout cela me dépasse, moi aussi. Pourquoi serais-je donc quelqu’un de si important ? Pourquoi cela leur importe-t-il que je reste debout et beau comme avant ? 

À vous mes compagnons je fais cette confidence : cette nouvelle fougue qui m’habite me fait doucement comprendre que nous avons encore, et peut-être plus que jamais, un rôle à jouer en 2020. Je crois qu’après quatre cents ans de bons et loyaux services, notre mission ne fait que commencer. Il ne se passe plus une journée ici sans qu’un projet ne voie le jour ou qu’un autre n’aboutisse. Je crois qu’on veut faire de mes murs les témoins d’une belle aventure où se rencontreront générations, passions, joie et audace. Nous voilà devenus à la fois terre d’ancrage qui unit familles et amis, et terre d’accueil de visiteurs et vacanciers. 

Je suis profondément heureux de voir que je serai celui qui permettra de réunir, de souder, de réconcilier et de faire rêver. 

Je suis prêt et j’ai hâte.

parole du Château de Villers-en-Ouche, le 22 juin 2020

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