Le château de La Roche-Guyon (Val-d’Oise)

Catégories Les éco-châteaux
le château de la roche Guyon

Se rendre au château de La Roche-Guyon, c’est découvrir un lieu atypique, un château adossé à son rocher avec une vue plongeante sur son magnifique potager-fruitier dont l’aspect ressemble étrangement à celui du 18ème siècle. Tombé en disgrâce au milieu du 20ème, comme un certain nombre de ses semblables, l’ancien potager retrouve une dynamique en s’inscrivant dans le présent et ses contraintes, tout en rendant hommage au passé et en préparant l’avenir.

Expérimental, productif, social, éducatif et ornemental, ce potager-fruitier, sous l’animation de son équipe, développe des projets ambitieux et fédérateurs.

Le château de La Roche-Guyon

Le château de La Roche-Guyon appartient à la famille La Rochefoucauld. Il est géré depuis 2003 par l’Établissement Public de Coopération Culturelle (EPCC) avec un bail emphytéotique de 99 ans. Ce type de bail confère au locataire la possibilité d’entreprendre tous types de travaux pour un loyer faible. Au terme du bail, les aménagements effectués appartiendront au propriétaire.

Le potager/fruitier du château de La Roche-Guyon

Ses origines

En 1697, le potager-fruitier vit le jour pour la première fois grâce à Madeleine le Tellier de Louvois. Il s’inscrivait dans l’esprit des physiocrates et humanistes du 18e siècle et s’étendait sur 4 hectares, qu’une douzaine de personnes entretenaient. Il subvenait largement aux besoins de la famille et le surplus était soit vendu soit redistribué aux plus nécessiteux.

Son déclin

Pendant plus de deux siècles, le potager-fruitier du château de La Roche-Guyon a rempli son rôle nourricier et ce, jusque dans les années 1960, au départ du dernier maraicher (Famille Berthaume). Le jardin disparait alors sous la végétation spontanée pour devenir une friche où la nature a « repris ses droits ».

Sa Renaissance en 2 phases

2004-2007

En 2004, sous l’impulsion de l’architecte en chef des monuments historiques, et avec le concours de l’Agence Régionale des Espaces Verts, des travaux de restauration sont entrepris pour lui redonner son aspect de 1741.

« Sous les fenêtres du château, recréer le paysage du 18e siècle et renouer avec l’objectif initial, à savoir un jardin utilitaire, un jardin d’agrément et un jardin dans l’esprit des physiocrates du 18e siècle ».

Néanmoins, le potager a été « livré », sans projet spécifique de remise en culture, composante essentielle pour le faire pleinement revivre.

A partir de 2006

En 2006, un nouveau directeur, Yves Chevallier, prend la tête de l’EPCC. Il confie à Gilles Clément et Antoine Quenardel (paysagistes) d’une part, et Daniel Vaugelade (historien) d’autre part, une mission de conception d’un projet de remise en culture.

« Même dans un jardin à la française, extrêmement domestiqué, il nous semblait essentiel de faire « avec la nature ». Au-delà de cela, le potager-fruitier a aujourd’hui une vocation « militante », expérimentant des pratiques culturales issues de l’observation. »

Dès 2007, tout usage de produit chimique (engrais ou pesticides) a été abandonné. Par ailleurs, la gestion du potager-fruitier a été repris en interne. Des jardiniers ont été recrutés, dont Vincent Morin en tant que chef jardinier, épaulé par un chantier d’insertion.

Aujourd’hui
Organisation physique du potager

Le potager-fruitier est composé de quatre carrés, eux-mêmes découpés en huit triangles de cultures, ce qui fait au total trente-deux parcelles, ayant chacune leurs utilités : fixes (petits fruits et aromates), ilots de biodiversité, culture de légumes. Chaque parcelle est entourée d’arbres fruitiers qui apportent biodiversité, ombrage l’été, humus l’automne.

Le réchauffement climatique est une véritable contrainte contemporaine, tant par la hausse des températures que par son imprévisibilité qui demandent aux plantes une résilience encore plus importante.

@Vincent Morin

L’équipe du potager cherche à adopter des végétaux en fonction de leur capacité à supporter de longues périodes sèches. Les arbres fruitiers, par exemple, ne profitent d’aucun arrosage et produisent pourtant avec vigueur.

« Cela est plus compliqué dès lors qu’il s’agit de cultures annuelles comme les légumes : le zéro arrosage est impossible pour éviter un stress hydrique. Dans ce cas, nous nous servons de l’ombrage des arbres fruitiers ou de l’ombrage des cultures entres elles, voire de nos supports de culture (tipi, tuteur, …) associés au paillage de nos parcelles, pour limiter l’arrosage au strict minimum. »      

L’eau, le nerf de la guerre !

Il y a des bassins au centre de chaque carré. Ces derniers sont alimentés avec l’eau de la commune (au 18e siècle, un réseau d’eau avait été installé depuis Chérence : l’eau d’une source y était captée puis conduite jusqu’à La Roche-Guyon, où elle était stockée dans un grand réservoir troglodyte, avant de desservir la fontaine du village et les bassins du potager), et redistribués dans les parcelles à l’aide de tuyaux branchés sur les robinets des bassins. Mais comme évoqué plus haut, l’arrosage est limité à son strict minimum. De plus, Les équipes arrosent à des horaires pertinents pour limiter l’évaporation des eaux d’arrosage. 

De plus, un système de récupérateur d’eau pluviale permet d’arroser les semis, boutures et végétaux sous serres.

Quels projets à venir ?

Les équipes du château de la Roche-Guyon fourmillent d’idées :

Vous l’aurez compris, le potager-fruitier du château de La Roche-Guyon a la ferme intention de revivre et de la plus belle des manières, en conciliant le passé, le présent et l’avenir.

Quelques mots sur le théâtre du château de La Roche-Guyon et sa rénovation

Pouvez-vous nous parler de ce projet ?

Le Théâtre du Château a été inauguré par la duchesse d’Enville en octobre 1768. Elle l’a fait construire pour ses enfants. Dans la tradition aristocratique de cette époque, famille et amis jouent la comédie, sont musiciens, etc. Il s’agit pleinement d’un théâtre de société. Il est situé sous le Grand Salon (dans lequel se trouve les tapisseries). Il est donc sous-terrain et troglodytique. Il n’est pas pour autant caché car, s’il est petit, il est équipé comme les plus grands théâtres : riches décors, machinerie sophistiquée.

Il fait l’objet de plusieurs campagnes de réaménagement, jusqu’au 19e siècle.

Depuis, il s’est considérablement dégradé sous l’effet d’infiltrations d’eau, d’insectes xylophages et de champignons (coniophores des caves). Il est aujourd’hui à l’état de ruine.

Il a pourtant une valeur patrimoniale exceptionnelle, comme témoignage des théâtres de société de son époque (nombreux au 18e siècle, très peu sont parvenus jusqu’à nous).

Le château de la Roche Guyon - le théâtre

Avec le soutien financier de l’État, de la Région Ile-de-France et du Conseil départemental du Val d’Oise, les travaux de sauvegarde d’urgence ont débuté en 2021.

Vous pouvez vous aussi contribuer à la restauration de ce théâtre directement vie le lien suivant


Les propos des personnes ci-dessous citées ont été recueillies grâce à Aurélie Gille, chargée de communication – alternance

  • Vincent MORIN : Chef Jardinier du potager-fruitier
  • Marie-Laure ATGER : Directrice du Château
  • Romain DAVY & Maryvonne GRANDFILS : guides

Crédit photos : le château de La Roche-Guyon et @jardin_et_fleurs (Vincent Morin)

Vous avez visité ou vous êtes propriétaire d’une belle demeure reconnue pour ses engagements éco-responsables ?

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