Alors qu’il faisait face à une ruine et de grands travaux, Philippe Dubreuil a pu imaginer un projet en ressentant la sérénité qui émanait de ce lieu et de ces vieilles pierres du Perche. Il a vu le potentiel que lui offrait cette prairie à vaches qu’il transforme depuis 10 ans en une oasis de verdure et de biodiversité à travers les jardins du Montperthuis. Partons immédiatement pour un voyage dans le temps et l’espace.
La rencontre entre le Manoir et son jardiniste
Le Perche est une ancienne province française rattachée à l’Orne et à la Normandie à la révolution française. Il est à la frontière du Maine français et de la Normandie anglaise, d’où le très grand nombre de manoirs dans cette région au sud-Ouest de Paris.
Philippe Dubreuil, passionné depuis toujours par le patrimoine et l’Histoire s’oriente dans des études de jardinier paysagiste et de botanique entre la France et l’Angleterre. L’exercice de son métier et ses nombreux projets le feront voyager à travers le monde. Il nourrira ainsi sa soif d’apprendre et de découvertes. Originaire du Dauphiné, il cherche néanmoins un lieu bien à lui où il pourra concrétiser toutes ses envies et lier l’Histoire et la nature. Après quelques recherches infructueuses, c’est en mars 2010 qu’il trouva son bonheur. Cette ancienne ferme, divisée puis réunie au début du XXème siècle, servit ces dernières décennies principalement en lieu de stockage en tout genre …
Concevoir un jardin, c’est intégrer les bâtiments qui l’accompagnent pour rendre l’ensemble harmonieux et donner l’impression que les aménagements paysagistes ont toujours existé en faisant partie intégrante du lieu. Aux jardins du Montperthuis, l’illusion est parfaite, seul le manque d’arbres vénérables vient trahir la jeunesse du site. Des arbres remarquables, c’est toute l’ambition et l’humilité de Philippe d’en implanter et de les faire grandir. « On jardine pour soi mais aussi et avant tout pour les générations suivantes ». Et dans cette perspective, l’approche durable prend tout son sens !
Partir d’un terrain vierge demande une bonne dose de courage et de conviction. Il ne s’agit pas de rénover les bâtiments pour ensuite travailler les jardins ou vice versa. Pour une cohérence et une harmonie, les deux parties doivent être pensées conjointement.
La famille décide dans un premier temps de s’installer dans la longère qui jouxte le manoir. Pourquoi pas dans le Manoir ? Alors oui certes les travaux sont importants, mais surtout Philippe Dubreuil veut s’imprégner de l’histoire du lieu, comprendre ce qui s’est vécu ici afin de le rénover dans le respect de son histoire.
Des jardins remarquables
Les jardins s’étendent sur 4 ha dans un axe est/ouest avec une pente allant de l’est vers l’ouest. Une cour de 4000m2 s’ouvre sur un ancien potager qui reprend vie et qui se poursuit vers un verger formel et enfin un verger conservatoire fait de pommes à cidre et à couteaux.
Entouré de champs cultivés, des haies viennent fermer cet espace pour à la fois s’abriter des vents dominants mais aussi pour se protéger des produits phytosanitaires alentours. Néanmoins, pour redonner du volume et de l’espace à l’ensemble, 3 perspectives partent des bâtiments vers les clochers voisins, donnant cette ouverture vers l’extérieur essentielle pour le ‘jardiniste’. De nombreux oculi viennent également ponctuer les haies mellifères pour jouer avec les points de vue.
Des murets, qui semblent avoir toujours été là, une serre, des fontaines apportent cette variété qui rend les jardins vivants et authentiques. Tour à tour, le regard s’éloigne au loin grâce aux perspectives avant de revenir vers des endroits plus intimistes nous invitant à la contemplation.
Un cheval percheron, des lamas, des cochons, et bien sûr des poules, égayent l’ensemble et enchantent toutes les générations de visiteurs.
Vers une oasis durable aux jardins du Montperthuis
Outre la création de volume, de perspectives, de terrasses, la réflexion s’est aussi concentrée sur la gestion durable du site que cela soit pour le jardin ou pour les bâtiments. Ainsi pour le chauffage le choix s’est porté sur une chaudière à bois dimensionnée pour pouvoir chauffer les futurs 1500M2 de surface. La coopérative qui fournit la matière première se situe à moins de 5 kilomètres du Manoir.
L’eau, cette source de vie essentielle et dont on oublie parfois sa préciosité, est captée, stockée et redistribuée de façon ingénieuse et efficace. Elle se rend utile du potager aux habitants et pour tous les animaux domestiqués ou sauvages, insectes et autres volatiles (retrouvez l’article spécifique sur la gestion de l’eau au Manoir de la Pillardière).
Philippe aimerait que ce lieu devienne un exemple de beauté durable. Montrer qu’il est possible d’avoir un jardin abondant de senteurs, de couleurs sans avoir recours aux produits chimiques et sans avoir constamment l’arrosoir à la main.
Certes certains aspects interrogent, questionnent et c’est alors l’occasion de discuter, d’échanger. Les arguments apportés ne feront peut-être pas changer d’avis immédiatement mais ils sèmeront à coups sûrs une petite graine qui germera quand le terreau sera plus propice à son développement.
Cela fait 10 ans que Philippe Dubreuil s’attelle à transformer le lieu et il lui en faudra encore tout autant pour finir de rénover et de restaurer l’ensemble. Et bien que dans le jardin actuel les grandes structures soient dessinées, que les jeux de couleurs et de feuillages soient en place, il peaufine maintenant les détails non moins importants avec la plantation de nombreux bulbes permettant de varier le paysage au gré du temps. Voici quelques chiffres qui donnent le tournis et qui permettent de mieux se rendre compte du travail colossal entrepris.
A travers le temps et l’espace
Malgré son expérience et ses nombreux projets, travailler pour soi n’a pas été si facile. L’indécision s’est souvent invitée dans la réflexion de Philippe Dubreuil, bien que l’essence même de ce qu’il voulait entreprendre était là : rappeler des jardins historiques avec par exemple le plessis du potager, le jardin des simples ou encore les jardins à l’italienne etc. Ce sont des clins d’œil à l’Histoire qui prennent ici tout leur sens. Néanmoins, il n’est pas utile de rester figé dans le temps, ces rappels s’ouvrent volontiers sur quelque chose de plus contemporain, les faisant entrer dans la modernité : s’appuyer sur le passé pour créer l’avenir.
Tout comme le terme de ‘jardiniste’ que Philippe Dubreuil aime utiliser. C’est un terme du XVIIIe siècle qui s’appuie sur la conception et la connaissance en botanique : jardinier artiste. Car l’art contemporain se fait une part belle dans le domaine que cela soit par des expositions dans la grange ou encore dans le jardin lui-même à travers les portillons et autres sculptures qui viennent ponctuer la visite.
Ce qui nous fait rêver
Les jardins du Montperthuis sont une magnifique vitrine de la beauté durable et consciente. L’abondance répond présente sans néanmoins appauvrir les sols, sans gaspiller les énergies et tout en rendant hommage aux siècles d’histoire du lieu !
Bravo pour votre travail 👏👏👏
http://www.symphonys.fr nous lançons un projet d’éco-tourisme avec plusieurs châteaux et jardins…si cela vous intéresse, appelez-moi
Bonne journée
François Izarn
Gérant de Symphony
T : 06 42 49 90 75
bonjour, oui avec plaisir !