Château de Cénevières (Lot)

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Vue du Château de Cénevières dans le Lot

Qui a osé voler la Sainte Coiffe ?

Château de Cénevières dans le Lot

Surplombant de plus de 50 mètres la vallée du Lot, le château de Cénevières est un des plus beaux châteaux Renaissance du Quercy mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Lors de l’occupation anglaise de la Guyenne au XIIème siècle, il est une place forte médiévale, haut lieu de résistance. Il faut attendre Flottard de Gourdon à son retour des guerres d’Italie au côté de François 1er pour voir le château se transformer en palais Renaissance agrémenté de terrasses offrant une vue imprenable sur la vallée.

Notre histoire se déroule à la deuxième moitié du XVIème siècle, en plein cœur de la septième guerre de religion opposant catholiques et protestants. Antoine de Gourdon est alors seigneur de Cénevières et se convertit au protestantisme.

Lors de la dernière semaine du mois de mai 1580, Henri de Navarre, futur roi Henri IV, franchit les portes du château. Ce dernier a pour projet de prendre la ville de Cahors et demande à son ami Antoine de Gourdon de l’y aider.

Ils attaquent Cahors par le pont neuf à l’est de la ville le 29 mai 1580 et durant deux jours se livrent notamment au pillage de la cathédrale. Les soldats protestants volent un reliquaire qui, lors de son transport hors de l’édifice, s’ouvre brutalement et laisse apparaître son contenu d’objets précieux. Parmi eux, la Sainte Coiffe, relique méconnue de Jésus-Christ retrouvée à l’ouverture de son tombeau le jour de Pâques, ainsi que le Saint-Suaire de Turin ou la tunique d’Argenteuil. Une femme voit de sa fenêtre le tissu tomber au sol et se précipite pour le ramasser et le cacher en son logis.

Quelques jours plus tard sur la place du marché, Dadine Hautesserre, seigneur catholique, offre trente jours de froment aux habitants s’ils retrouvent la Sainte Coiffe. La femme la lui rapporte et c’est ainsi que la relique est toujours présente et désormais visible au public.

En plus du reliquaire, les assaillants volent deux autels en marbre rouge. Les trois objets sont transportés par bateau jusqu’au château de Cénevières. L’un des autels se brise au fond du Lot mais l’autre arrive intact et est placé dans la cour du château, faisant office de table de repas pour les travailleurs du village.

Antoine de Gourdon prit soin de le faire retailler de forme octogonale pour ne pas qu’il soit reconnu. Or en 1684, lors de la venue de l’adjoint de l’évêque Monseigneur de Roaldes à Cénevières, la pierre est authentifiée comme étant l’un des autels de la cathédrale de Cahors. En témoigne l’inscription sculptée en son dos « autel dédicacé par le Pape Calixte II en l’an 1119 », lorsque ce dernier est venu poser la première pierre de la cathédrale.


Le château de Cénevières est depuis 1958 ouvert à la visite. Outre le reliquaire et l’autel de Cahors, il abrite de nombreuses pièces richement meublées, une mystérieuse salle d’alchimie, ainsi qu’un plafond à la française peint et orné de vues de Constantinople. Les circonstances de la découverte de ce plafond mériteraient d’ouvrir une nouvelle page d’histoire.

Nous vous laissons aller le découvrir et qui sait peut-être vous marier en ses murs…

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