Il était une fois, au Pays des trois Frontières, sur ces terres souvent convoitées, un château fort qui protégeait la cité médiévale de Rodemack. Aujourd’hui, les temps de guerres ont fait place à des temps plus calmes, et le Domaine de Preisch peut compter sur sa propriétaire et son amour de la nature pour continuer à s’embellir et à prospérer.
Le château de Preisch et son histoire
Le premier château : le château fort
L’histoire du site commence en 1122 avec un premier château féodal, construit par Albert de Pris (origine du mot Preisch). Il fut érigé pour protéger la cité médiévale de Rodemack, la petite Carcassonne Lorraine. Détruit en 1680 au profit du château actuel, il ne reste que les bases des 4 tours de la première enceinte, les douves et le colombier.
Le château du XVII ème siècle
Le château actuel, construit non loin de l’ancien, date du XVIIe siècle. Marguerite de Mérode-Houffalize et Conrad de Soetern en sont à l’origine. Leurs initiales, C S M, d’ailleurs, ornent toujours l’édifice.
Le domaine passa dans les mains de nombreuses familles qui marquèrent sensiblement chacune à leur tour, les lieux.
La chapelle
Il existait une première chapelle attachée à l’ancien château fort, construite en 1523 par la famille de Schawenburg . Il subsiste aujourd’hui la cloche baptisée Magdeleine (1564), en référence à la propriétaire des lieux de cette époque : Madeleine de Schawenburg .
150 ans après la construction du château, en 1773, François de Lasalle offrit de nouveau une chapelle au site : la chapelle Ste Madeleine . D’église romane simple et sobre à l’intérieur nu, elle se transforme en 1862 sous l’impulsion de Charles- Joseph de Gargan, en une chapelle inspirée de la Renaissance du XVI ème siècle. Tout comme la nature, le patrimoine souffre aussi du réchauffement climatique. Non loin de cette chapelle un beau chêne centenaire est tombé, cisaillé net au niveau des racines. La Chapelle, quant à elle, est menacée par une vilaine fissure due à la modification du sol et de sa sécheresse.
Le parc
Deux espaces verts se distinguent à Preisch, d’un côté, le parc du château et de l’autre la ferme et ses pâturages. Jacques Milleret agrémenta les alentours du château avec un parc à l’anglaise en 1812. La volonté première était de mettre en valeur l’ancien château fort avec ses douves. Pour cela, il fit introduire les premiers rhododendrons dans la région tout en acclimatant de nombreux arbres exotiques.
Nous pouvons encore découvrir ces arbres bicentenaires que Dominique Charpentier a su mettre en valeur à travers le parcours botanique. Nous pouvons admirer le marronnier jaune, le platane à feuilles d’érables ou encore le cyprès chauve avec ses plus de 41 m de haut, le plus grand mesuré en France.
Jacques Milleret est également à l’origine de l’allée qui nous mène au portail du château. La rue des Lilas est bordée de 580 tilleuls qui pour la plupart dateraient encore de cette période. Après bien des menaces, cette allée bicentenaire sera sauvegardée. En effet, les Monuments Historiques imposent à la mairie le remplacement de chaque arbre mort.
La vie aujourd’hui au château de Preisch
Désormais, Dominique Charpentier sauvegarde ce domaine. Le site, dorénavant, est résolument tourné vers l’ouverture au grand public avec comme alliée précieuse la nature et sa préservation.
Un château ouvert
Elle tient également à transmettre son amour du patrimoine et de la nature aux plus jeunes. Elle accueille donc plus de 2000 enfants par an qui viennent découvrir, de façon ludique, les lieux, leur histoire tout en respectant cette nature avoisinante.
Un château proche de la nature
Comme le souligne Dominique Charpentier, les châteaux et leur domaine, par leur superficie et la richesse des espaces qu’ils proposent, sont des lieux privilégiés pour la biodiversité. Au château, ce sont près de 50 hectares à entretenir. Il est alors plus que nécessaire de faire de la nature une alliée et non une adversaire pour garder cet équilibre naturel qui en fait sa beauté.
Les moutons Hampshire
Pour les aider dans cette lourde tâche de préservation de leur environnement, la propriétaire peut compter sur un cheptel de 40 brebis et 50 agneaux pour 4 béliers de différents âges de race Hampshire. Cet élevage s’inscrit véritablement dans le processus permaculturel vers lequel veut se diriger le site. En effet, son fumier fait le bonheur du potager et sa laine qui demande finalement de nombreux traitements chimiques pour être dégraissée pourrait bien servir de manteaux d’hiver aux planches de culture !
Le potager
Cet ancien potager de 1ha a de particulier qu’il est entièrement clos de mur et que l’on peut y admirer l’art topiaire. Les allées de buis ont demandé un long travail de restauration pour en faire un lieu poétique et singulier.
Néanmoins, la fonction première du potager a repris officiellement son service en 2019, sous le signe de la permaculture. Dominique Charpentier a vécu plusieurs années dans le lot où beaucoup font de la permaculture sans la nommer. En revenant, elle tenait à continuer à faire vivre son parc et son potager dans ce même respect de la nature. Par le biais d’une association, elle fait la connaissance d’Alexis en reconversion professionnelle. Ils décident alors de relancer le potager selon ces principes. Les résultats sont plus qu’encourageants et donc très prometteurs pour un avenir productif.
Connaissez-vous le Woofing ?
Dans le même état d’esprit, Dominique fait désormais appel à des Woofers pour la gestion d’une grande partie du potager. Contre quelques heures d’aides, ces derniers sont logés et nourris. Dominique est pleinement ravie de ces expériences qui apportent dynamisme, enthousiasme, nouveautés et partage autour de valeurs qui lui sont chères !
Là où d’anciennes habitudes arrachent une vigne vierge sur des buis morts, Dominique y voit une biodiversité revenir et tente de les conserver.
Une autre anecdote qui illustre parfaitement l’esprit permaculturel : une petite rivière traverse le potager et déborde régulièrement venant inonder les cultures …Qu’à cela ne tienne, observons cette inondation et transformons la en mare. Elle apportera un milieu différent et donc une biodiversité intéressante pour le potager.
La période du covid a également rebattu un certain nombre de cartes dans la gestion du château et de son parc. La location des lieux pour les mariages était une façon pragmatique de faire vivre les lieux et de les entretenir. Néanmoins, Dominique Charpentier désirait autre chose : que les visiteurs puissent venir aussi pour le patrimoine historique et son environnement en prenant le temps : le temps de profiter, d’admirer, de partager, de transmettre, de se ressourcer tout simplement.
Pour finir …
Dominique Charpentier a compris que prendre soin de la nature est un atout considérable pour continuer à mener à bien la survie du domaine aussi important que celui de Preisch. De nombreuses idées encore fourmillent dans la tête de notre châtelaine. Ses convictions et son enthousiasme nous laissent présager encore de belles choses.
Toutes les photos sont de Dominique Charpentier.