Lettre d’un château à ses occupants
Chers confinés,
Vous êtes arrivés un vendredi 13. Je m’en souviens bien. Le temps était clément pour la mi mars. Vous n’étiez encore que trois : Colas, Adélie et Filipine, les enfants des propriétaires, Véronique et Jean-Bernard. Vous pensiez vous retrouver pour le week-end et rentrer à Paris fêter l’anniversaire de votre père le dimanche.
Sont arrivés également Antoine et Charlotte, fraîchement débarqués pour démarrer un nouveau chapitre de leur vie comme couple d’hôtes à Barbirey. Et puis aussi Jean, le tout nouveau jardinier qui venait de prendre ses fonctions.
Et enfin une famille, grands parents, parents et enfants avaient décidé de se retrouver pour passer un week-end à la Ferme.
Personne ne pouvait imaginer ce qui allait vous arriver à tous, quelques jours plus tard, lorsqu’on vous a annoncé que vous alliez devoir être confinés. Ne plus pouvoir sortir, suivre des règles sanitaires très strictes,etc… Et pourtant lorsque le glas est tombé, il a fallu prendre une décision.
Et vous avez choisi de rester. Et la magie de mes vieilles pierres a opéré.
Je dois dire que vous m’avez bluffé car une « communauté de Barbirey » est née simplement et spontanément. Cela a commencé par un sourire, un bonjour le matin, puis vous vous êtes proposés pour faire des courses communes, c’est ensuite des apéritifs-chacun-son-verre qui se sont organisés, des activités-sans-se-toucher pour les enfants dans le jardin qui ont pris vie, des ateliers plantations dans le potager…
La vie s’est organisée entre vous, facilement, avec bienveillance et entraide. Et au bout de deux mois passés ici, vous m’avez vraiment étonné ! Je vous ai vu tous les jours prendre le poste à votre nouvel atelier avec énergie et entrain. Des meubles oubliés dans des remises ont repris leurs couleurs, la cuisine est le lieu d’expériences culinaires, le poulailler s’est repeuplé et le potager a repris des couleurs.
Je suis devenue grâce à vous une fabrique à idées pour l’avenir et d’échanges pour des lendemains plus légers. Vous avez rêvé de votre Barbirey idéal, de ce qu’il fallait changer, améliorer, continuer… Toujours avec cette envie d’être plus accueillants envers les hôtes, plus responsables envers la nature et toujours avec le souci que mes murs continuent à vibrer.
Vous le savez comme moi, la fin de ce confinement strict a débuté le 11 mai. Et j’ai senti chez vous poindre presque une nostalgie de cette période. Le temps a ralenti, la nature a repris ses droits et vous avez apporté votre page à l’histoire de Barbirey.
Mais sachez mes chers confinés, que j’ai hâte que les portes s’ouvrent à nouveau, que les mariés viennent se dire oui à nouveau, que les familles se retrouvent à nouveau… Et je sais que vous aussi vous avez envie que la vie reprenne. Car après ce moment entre parenthèses à l’ombre de mes arbres centenaires, vous aurez fait le plein d’énergie et d’idées pour partager avec d’autres belles personnes le bonheur de venir chez moi.
Prenez soin de vous,
Votre dévoué Château de Barbirey